De nos jours, il n'y a plus d'invasion, mais notre langue bouge et s'enrichit
toujours bien entendu.
Voici les grandes tendances évolutives
du français aujourd´hui en général :
Actuellement, le français tend à s'uniformiser dans toute
la France; et les patois suffoquent. Cependant, il semblerait que cette
tendance à l'oubli des patois ait stimulé l'intérêt
pour ces langues régionales car elles représentent une partie
importante du patrimoine et de l'Histoire. Ainsi, ces patois sont depuis
peu l'objet d'études plus approfondies et d'enseignement : le breton,
l'occitan,…peuvent être appris en temps que langue, l'enseignement
peut même se faire en patois (écoles spécialisées
). Les parlés régionaux ont donc acquis un nouveau statut,
celui des racines… Les langues régionales ne sont donc pas encore
prêtes à disparaître.
Une tendance des Français a été, de tous temps, de préférer la facilité, et de raccourcir les mots; cela s'appelle la troncation. Par exemple, le cinématographe est devenu le cinéma et même le ciné; ou encore, "voiture automobile" (automobile étant un adjectif : "qui avance tout seul" ) a donné automobile en tant que nom, puis s'est abrégé en auto.
D'autre part, aujourd'hui, le vocabulaire argotique, et autres expressions populaires entrent plus facilement dans le langage commun, notamment grâce aux médias et autres moyens de diffusion de l'information; mais aussi parce qu'en cette fin de XXe siècle, les classes moyennes et populaires occupent une place plus importante dans la société; et les différences des divers registres de langage peuvent, à l'oral du moins, être moins remarquables. On a par exemple tout à fait accepté les termes amadouer, boniment, cambrioler, polisson,… provenant de l'argot. Ainsi, un langage parlé au début par un groupe d'individus, entre eux; s'intègre à la langue commune. (voir aussi l´exemple du largonji des louchébem )
De même, les jeunes ont de tout temps eu une façon de parler un peu différente de leurs aînés; aujourd'hui, la génération la plus âgée accepte avec moins de réticences le vocabulaire des jeunes. (voir aussi le paragraphe sur le verlan ). Par exemple, délirer, canon, matos, galérer, ou flipper sont dans l'édition 1996 du Petit Robert.
Voici quelques autres aspects du français d´aujourd´hui :
Le verlan
Le "franglais"
Le
milieu de l´informatique
Au XXe siècle, la langue qui influence le plus le français
est l'anglais. Le français a commencé à emprunter
à l'anglais depuis deux bons siècles, mais le déferlement
date surtout de la seconde moitié du siècle, en particulier
dans le domaine de la technologie et des sciences, de la musique, et dans
tout ce qui concerne le monde de la drogue. Parmi les emprunts récents
et entendus quotidiennement, il y a flipper, "être angoissé",
speeder
"être nerveux et pressé", faire un break "faire une
pause".
De même, on remarque l'hégémonie anglo-américaine
dans le domaine des vêtements : le maillot de corps devient T-shirt;
le pantalon, jean; la veste, blazer; le chandail, pull;…
D'autre part, certains mots qui en ont l'apparence, ne sont pas forcément
anglais : lifting est incompréhensible pour un anglophone
(lifting se dit "face lift" en anglais), de même que footing,
parking,
zapping,…sont
des purs produits de la langue française !
Mais l'entrée de ce flot ininterrompu de mots anglo-américains dans la langue française, n'est pas sans provoquer de nombreuses réactions; et le débat sur les termes anglais dans le français, fait encore des remous. En effet, faut-il rejeter ces mots sous prétexte qu'ils dégénèrent le français? Ou au contraire penser qu'ils l'enrichissent?
* On trouve tout d'abord les partisans d'une langue française "épurée" de ces termes anglais. Dans "Parlez-vous franglais?", Etiemble en 1964, mène un réquisitoire contre l'envahisseur. De même, en 1975, puis en 1995 (avec M Jacques Toubon ),des lois furent votées, interdisant l'usage des mots anglais dans le vocabulaire officiel, traduisant systématiquement en français les termes étrangers (casting redevenait "distribution",…).
* A l'opposé,
J-L Chiflet (dans "Sky Mr Allgood !" ), par exemple, démontra le
ridicule de ces traductions; en voici quelques exemples de mots anglais,
et de ce que donnerait leur traduction :
CLUB >>
|
GOURDIN
|
||
COVER >>
|
COUVRIR
|
||
LOFT>>
|
SOUPENTE
|
||
RANCH >>
|
CABANE
|
||
SCOOTER>>
Tu me prêtes ton scooter? |
TROTTINETTE
|
* Face à
cette polémique, d'autres proposèrent de "franchiser" ses
termes, comme ont l'habitude de le faire les Québécois ("e-mail"
est, par exemple, devenu "courriel" de "courrier électronique"
), ou bien considérèrent l'apport anglophone comme une richesse
pour la langue française elle-même formée de termes
d'horizons divers.
De plus, si le français utilise beaucoup de termes anglais, il faut
tout de même faire remarquer que les Anglais, eux, utilisent encore
plus de mots français (plus de1500, comme "rendez-vous",
"chic", "déjà vu", "voilà",…).
Ainsi, le "frenglish" est tout aussi puissant et envahisseur que le franglais
!
Aujourd'hui, le monde de l'informatique est de plus en plus important,
et, étant à la base d'un moyen de communication ( l'internet
pour ne pas le citer), il semble logique que le vocabulaire informatique,
réservé depuis les années 70 aux spécialistes
en informatique, se soit répandu à partir de la généralisation
de l'informatique "pour tous". Ainsi, ce "langage" parlé dans un
groupe restreint, s'est étendu à un langage plus commun.
Dans cette façon de parler, on retrouve bien entendu de nombreux
termes anglais (cela dû à la supériorité américaine
dans ce domaine ) : "CD rom", "bug", "screen", etc…, mais aussi de nombreux
mots français ou francisés, comme "informatique" et "logiciel",
ou "disquette",…
Le mot "informatique" a été créé de toute pièce par P.Dreyfus, en 1962,avec un bout d'information et d'automatique. En effet, celui-ci signifie: traitement automatique de l'information. |
Voici un petit dialogue
imaginaire entre deux informaticiens:
" Bonjour, dis donc, tu t'es logué ? (log on, ouvrir ,brancher )
- Non, j'ai oublié.
- Bon, j'y vais parce qu'après je me linke (link ,lier, connecter )
- Sur laquelle?
- La grosse.
- Tu te linkes sur la grosse ce matin?
- Oui, pourquoi ? C'est une belle bécane, hein ?(ordinateur, machine )
- Oui, mais il faudra faire attention, elle érase ( supprimer des informations )
- Je me méfie, je vais débuger (faire tourner le programme pas à pas )
- Oui, des fois, y a un gap (trou )
- Si ça plante,(erreur ) on va être obligé de booster (rallumer )
- Ca marche on dirait ?
- Oui, j'en profite pour faire un copy file (doubler le fichier ) … t'as sorti tes prints ? (impressions)
- Non, pas encore, minute.
- Tu scannes toute la zone ? (rechercher )
- Non, tu veux rire : juste un screen ou deux (écran )
- C'est bon, je crois qu'on peut flusher dans un spooling ( mettre en mémoire dans un espace réservé )
- Après, je ferais un disconnect (déconnecter )
- T'es d'accord pour un café ?
- OK, je me log off ( couper ) et j'arrive."
Internet, internet ou l'internet ? Laquelle de ces formes doit-on utiliser pour désigner ce nouvel outil de communication ? La plus part du temps, on a tendance à écrire "Internet", la majuscule et l'absence de l'article, montrent que le réseau, par sa nouveauté et l'impression d'immensité qu'il inspire, est élevé au rang de chose unique, en écrivant "Internet", on déifie presque la notion. Ainsi, "internet" (sans majuscule) serait plus convenable.
Quant à savoir s'il faut un article, il semblerait plus correct d'en mettre un, comme pour les autres moyens de communication : le téléphone, le minitel…Et comme pour le minitel, avec le temps, l'utilisation du grand réseau se banalisera, la mode passera, et le dieu Internet finira sûrement avec un article.
Le bug Qui n'a pas entendu parler du "bug de l'an 2000" ? Un bug est une erreur, une mauvaise application de programme, crée par un problème technique ou de programmation.
Le mot "bug" est anglais et signifie "insecte"; en effet, ceux-ci, avant l'ère des puces électroniques, se brûlaient sur les lampes et les tubes à vide des ordinateurs, provocant des courts-circuits et des pannes.